J’ai emprunté une moto dernièrement et le fait d’être arrivée saine, sauve, en vie à ma destination m’a fait réaliser la chance que j’aie eu d’être encore sur mes deux pieds tant les odeurs ont failli en découdre avec moi durant le trajet.
Je vous explique. Il est 7h30 quand je décide de stopper une moto après plusieurs tentatives infructueuses avec le taxi et l’heure de mon rendez-vous qui approchait à grands pas. C’est le conducteur de la cinquième moto qui accepte de me porter.
Je suis d’abord surprise par le fait qu’en voulant monter, il a failli se renverser avec sa moto. Je m’assois et avec mon poids c’est une autre action qui fait que la moto veut perdre l’équilibre une seconde fois. Le conducteur se livre à un combat pour maintenir son guidon droit et dans tout ça il sourit bêtement en me lançant un « c’est ça bien nourrie ». Je lui demande si c’est lui qui me nourrit pour m’appeler ainsi, il s’est tue.
Nous étions calmes environ 8 minutes avant qu’il ne veuille faire la conversation. Il me lance un « Réssé je veux t’expliquer une histoire que je vis chez moi et tu vas me donner ton avis pardon » et sans me laisser le temps de répondre il a commencé son histoire. Le début c’était « tu vois la moto çi non, je me bat avec, c’est une moto deuxième main qui a trop les pannes donc chaque deux jours je suis au garage. Je ne peux pas avoir le même argent tous les jours et ma nga ne veut pas comprendre, elle boude….. »

Je ne peux pas vous dire exactement la suite ou ce que j’ai retenu de son histoire parce qu’à un certain niveau il a pris un autre client et c’était le début de mon traumatisme avec ce bachement. J’ai dû me rapprocher du bendskineur et là je pense que mon âme a quitter mon enveloppe corporelle. Le col de ce blouson couleur terre pour un blouson noir cela en dit long sur le nombre de lavage qu’il a reçu. L’odeur que dégageait ce blouson était un mélange de celle des fausses sceptiques, de pet, de la sueur accumulée qui séchée et resséchée. Sur le blouson des traces de gouttelettes d’eau ou d’éclaboussures d’eau boueuse, à quelques endroits j’ai cru apercevoir des traces de morves séchés aussi, des endroits raccommodés de façon grossière avec des fils de n’importe quelle couleur et dans une poche, une collection des sachets de whisky vides et une boite d’allumettes. Il en était de même pour le bonnet sur sa tête.
A un moment donné le bendskineur se rend compte que je ne répondais plus à ses questions à la suite de son histoire et il m’interpelle en se retournant pour me regarder pour voir si j’étais encore avec lui. Je lui demande de regarder la route plutôt que moi car je ne veux pas mourir aujourdhui à cause de lui et que s’il a été vendu au village qu’il me dépose avant de partir. Il rit aux éclats et son haleine, non! sa bouche? il lui manquaient deux dents, sûrement pour confirmer l’extrait d’une célèbre chanson de Ghislain Dimaï qui dit » qu’il ne fera jamais confiance à un bendskineur qui n’a pas de cicatrices ». Le reste des dents avaient des dépôts de maïs ou d’okok avec une odeur de whisky frelaté et des dents non brossés. Je ne dis plus rien et ferme mes yeux avant de me rendre compte que celui le client derrière moi est subitement tendu, il a une érection, je demande au bendskineur de me laisser rapidement en poussant la tête du client. Je descends ,le client aussi et il paye avant que nous n’échangions quelques injures. Il se tourne et part pendant que je lui lance « un malade comme ça » et j’en profite pour demander au chauffeur s’il a déjà dormi ou s’il est déjà rentré chez lui.
Sa réponse est catégorique « Non réssé ». Je lui demande pourquoi et il me dit que des clients l’ont emmené dans un snack en course et une fois là bas, ils lui ont proposé de rester et de les raccompagner quand ils auront fini. C’est suite à cette invitation que notre chauffeur a oublié de rentrer chez lui et a ouvert sa panse pour boire un cocktail molotov fait de sachets de whisky, de bière, de vodka et des boissons alcoolisées artisanales (Odontol, bili bili, arqui). Il me dit qu’il se faisait tard et que les bières ne lui faisaient rien, il était obligé de faire le mélange pour « sentir quelque chose » en d’autres mots pour saouler. Cela faisait la troisième nuit qu’il n’avait pas dormi et j’avoue qu’en le regardant je ne savais que dire, ce n’était pas un enfant et en plus il pouvait bien me remettre à ma place et y ajouter sa frustration.
Je l’ai laissé partir avec ma différence, il n’avait pas de monnaie et ma promis de rentrer. Je suis allée à mon rendez-vous et une heure après en revenant pour chercher un taxi, il avait eu un accident et était couché au sol, entouré par la population qui bavardait plus qu’elle ne l’aidait. Le public autour de lui était partagé entre le fait qu’il soit mort ou qu’il ai juste perdu connaissance. Il ronflait donc c’était bon signe.
Bachement: le fait de porter deux clients sur une moto.
Réssé: Soeur.
Nga : Femme/copine/compagne.
Bendskineur: Conducteur de moto.
Les photos utilisées dans ce billet sont générées par l’IA.