Lettre à toi grand-père ONU : tu t’adaptes ou tu meurs

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En 2025 tu auras 75 ans, l’âge de la sagesse, l’âge du bilan, l’âge où on aimerait avoir ses enfants auprès de soi, pour leur prodiguer des conseils, les avertir face aux défis futurs pour qu’ils puissent s’adapter. Adoptée en 1945, ta Charte codifie les grands principes des relations internationales, depuis l'égalité souveraine des États jusqu'à l'interdiction d'employer la force dans ces relations. Et tous tes enfants(pays) se doivent de la respecter. Partie d’une bonne intention à savoir la promotion de la paix et l’entraide entre les peuples, tu ne représentes plus ou moins ces symboles. Les années ont passé et les réalités actuelles ne sont plus celles d’antan. Tu dois désormais faire face au terrorisme, à la cybercriminalité et aux épidémies qui te forcent à revoir ta manière d’agir.

 l'ONU en 2025

Si au début tes intentions étaient bonnes pou créer le monde idéal où les plus forts aideront les plus faibles à combler le fossé qui les sépare, il apparait à ton 70ème anniversaire que le fossé s’est plutôt agrandi. Trois de tes piliers à savoir la santé, l’éducation et l’égalité des sexes pour ne citer que ceux-là, n’ont pas eu l’effet escompté

Tout d’abord pour l’éducation, l’UNICEF prévoit pour un enfant le droit d’avoir un nom, une nationalité, une identité ; le droit d’être soigné, protégé des maladies, d’avoir une alimentation suffisante et équilibrée ; le droit d’aller à l’école ; le droit d’être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et d’exploitation ; le droit d’être protégé contre toutes les formes de discrimination ; le droit de ne pas faire la guerre, ni la subir ; le droit d’avoir un refuge, d’être secouru, et d’avoir des conditions de vie décentes ; le droit de jouer et d’avoir des loisirs ; le droit à la liberté d’information, d’expression/de  participation  et le droit d’avoir une famille, d’être entouré et aimé. Pour le cas du Cameroun, depuis2016, 4 ans déjà, plus de 600.000 enfants sont privés des droits cités plus haut selon une publication du UN News du 21 juin 2019. Malgré les menaces, le dialogue(qui finalement s’est avéré être sourd) et les compromis nous avons quatre générations d’enfants non ou sous scolarisés qu’il faudra gérer. De plus en plus de femmes se font violées et exécutées de manière sommaire. Quant aux jeunes devenus oisifs, ils se font recrutés par des bandes armées pour survivre. Dans le monde, le nombre de mineurs incarcérés était de 804 au 1er janvier 2020,représentant 1,1% de la population carcérale. Pour le cas du Cameroun en 2015 d’après les statistiques, on comptait une trentaine de jeunes incarcérés, qui face aux adultes avec qui ils partagent le même espace, sont victimes de divers abus. C’est là un autre vide juridique qu’il va falloir combler.

Enfants joyeux

Ensuite sur le plan de la santé, l’OMS définit des politiques conformes à l'éthique et fondées sur des données probantes; fournir un appui technique, se faire l'agent du changement et renforcer durablement les capacités institutionnelles; surveiller la situation sanitaire et évaluer les tendances en matière de santé. Au Cameroun, les deux campagnes de vaccination contre la poliomyélite et contre le cancer du col de l’utérus se sont heurtées au refus de la population. Sur 90% de taux de couverture que voulait atteindre le Minsanté, à peine 70% ont pu être atteints. Dans le monde la Covid19  a révélé les limites de l’institution à faire face aux épidémies naissantes car en ne jugeant pas utile aux personnes bien portantes de porter des masques,l’OMS a été responsable de l’augmentation du nombre de victimes de l’épidémie,même si elle a pu rattraper le coup par la suite. On dénombrait au 8 octobre2020, 36,166,574 de personnes infectées dans le monde. Au centre de ces tourments, les fausses nouvelles qui pullulent sur la toile et suscitent la méfiance et le laisser-aller des populations.

Enfin parlant du respect des droits des femmes, l’ONU Femmes affirme que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » et que « chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans cette Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. » Même sien 2019 la moyenne mondiale des femmes ministres était de 20,7% contre 18,3% dans les pays en situation de conflit et d’après conflit, il apparait que la Covid19 va creuser le fossé d’inégalités entre les hommes et les femmes. Au Cameroun à peine une dizaine de femmes sont dans le gouvernement de 2020 sur une cinquantaine d’hommes et je ne te parle pas de ce qu’il en est dans les autres corps de métiers. Dans le monde de nombreuses femmes se font violées, harcelés pour avoir un travail décent, de l’argent et même quand elles reçoivent des financements, quelques fois c’est toujours l’homme qui a le dernier mot. De nombreuses personnes aujourd’hui ne savent toujours pas ce qu’est le genre ou encore quelle est la différence entre l’équité et l’égalité. Bref cher grand-père tu as encore beaucoup à faire.

Un couple au champ

 Pour t’aider je te propose d’exclure de ton groupe les états qui ne respecteront pas tes exigences. Ceux qui ne tiennent pas compte de la protection des enfants pendant les conflits ; ceux qui ne respectent pas l’égalité des sexes dans les fonctions ; ceux qui n’autonomisent pas le maximum de femmes ; ceux qui ne garantissent pas une couverture sanitaire sure et accessible à la population. Dans le domaine de la santé il te faudra te réinventer, impliquer toutes les parties prenantes dans la santé. Je pense aussi aux solutions locales contre les maladies ou la Covid19. Comme tout récemment avec la découverte du « Covid Organics » ou encore au Cameroun avec la méthode de Mgr Samuel Kléda.La médecine traditionnelle, naturelle, peu importe le nom qu’on lui donne soigne une tranche de la population qu’on tu le veuilles ou non. La lutte contre les médicaments de la rue ou contrefaits ne s’arrêtera que quand le prix des remèdes, des bons remèdes sera accessible.

Covid Organics la solution de Madagascar

Il t’appartient de collaborer avec ces acteurs pour les aider à résoudre le seul problème de cette médecine : le dosage. Tu devras adapter les concepts selon les réalités pour que les peuples comprennent et s’impliquent, nous n’avions pas bien cerné le concept d’OMD que voilà que tu ramènes les ODD. Dans toutes les luttes que tu devras mener il te faudra impliquer les acteurs et les cibles du domaine pour recueillir leurs avis et les adapter pour qu’ils se sentent valoriser. Rappelles-toi de l'adage qui dit que "tout ce qui est fait sans nous est fait contre nous".

Les 17 ODD de l'ONU

Un autre chantier qui t’attend sera de créer et harmoniser les lois des pays membres pour des solutions alternatives juridiques pour les enfants auteurs de délits ou encore pour respecter l’égalité des genres dans les fonctions. Pour autonomiser la femme/la fille, il te faudra faire avec les hommes/garçons et faire en sorte que les deux puissent se compléter dans une activité pour que les hommes ne le voient plus comme une menace. Pour veiller à ce que tout ceci soit dénuer de fausses nouvelles, il te faudra former une équipe de vérificateurs de fait dans chaque pays pour éviter la désinformation, l’infodémie, la mal-information, la mésinformation, l’infoxication, l’infobésité et le deep fake. Cette équipe aura aussi pour mission de créer un espace sain en ligne pour les filles/femmes pour qu’elles ne soient plus victimes de Slut shaming, de sexting, de cybersexisme et de toute autre forme de pratique qui les empêcheront d’être en sécurité en ligne, épanouies et de libérer leur potentiel.

Femme en ligne

Avec la Covid19, le challenge à relever sera de faire en sorte que toutes les ressources, les opportunités, le réseautage et les réunions soient disponibles en ligne et respecter la distanciation sociale. Mais avant toute chose il te faudra œuvrer pour la paix. C'est le seul gage qui te permettra d'atteindre tes objectifs pour ne laisser personne à la traine.

Je te sais robuste, impartial, digne de confiance et capable de t’adapter. Merci d’être là grand-père ONU et rendez-vous en 2025.

L'espoir, nos enfants et les générations futures

Ces photos ont été prises sur la plateforme Iwaria.com


COVID-19 ET LES PETITS COMMERÇANTS DES RUES: UNE ÉQUATION DIFFICILE À RESOUDRE

Le mois de Juin est un mois important pour l’enfant. Il célèbre deux dates pour promouvoir les droits de ce dernier à savoir la journée contre le travail des enfants qui se célèbre le 12 juin et la Journée de l’enfant africain le 16 juin.

Thème de la Journée mondiale contre le travail des enfants par l'OIT

Il est presque 22h ce mois de juin au péage de Nkometou et une dizaine d’enfants proposent des bâtons de manioc, des plantains braisés et des safous aux occupants des différents bus qui viennent et partent. Ils sont âgés de 5 à 10ans et proposent leurs marchandises sans se soucier des mouvements des voitures et motos. Des scènes pareilles sont récurrentes dans la ville de Yaoundé. L’arrêt précipité de l’école au Cameroun pour cause de corona virus a forcé des milliers d’enfants à rester à la maison. 7,2 millions d’élèves et étudiants pour être exact selon l’UNESCO. En ce qui concerne spécifiquement le primaire, plus de 4,3 millions d’enfants sont concernés dont 47% des filles.  

Le thème choisi cette année à l’occasion de la célébration de la journée mondiale contre le travail des enfants est " COVID-19 :Protégeons les enfants contre le travail des enfants, maintenant plus que jamais." Une thématique importante vu le contexte de pandémie actuel en cours dans le monde. Sur ce plan, le Bureau International du Travail (BIT) estime aujourd’hui que 152 millions de filles et de garçons sont astreints au travail des enfants dans le monde. Ce chiffre inclut 73.1millions d’enfants âgés de 5 à 11 ans qui sont tout simplement trop jeunes pour travailler ainsi que 85millions de filles et de garçons âgés de 5 à 17 ans qui effectuent un travail dangereux. L’Afrique subsaharienne est la région avec la plus grande proportion d’enfants astreints au travail des enfants avec 21.4 %des enfants âgés de 5-17 ans (soit 59 millions d’enfants). 

Des enfants travaillant dans des carrières source Google

Pour le cas particulier du Cameroun, la dernière enquête nationale réalisée sur le travail des enfants date de 2007 et a été réalisée par l’Institut National de la Statistique(INS). Elle a révélé qu’en moyenne 27,9% d’enfants de 5 à 17 ans étaient astreints aux travaux à abolir, soit 1 673 184 enfants. Par ailleurs, 4,4 % des enfants de 5 à 17 ans, soit 266 594 enfants effectuaient des travaux dangereux, 71 % de ces enfants sont exploités dans l’agriculture, la pêche, la chasse, la sylviculture et la cueillette. Ceci explique que la grande majorité des enfants âgés de 5 à 17 ans astreints aux travaux forcés à abolir se retrouvent en milieu rural et ce, quel que soit le type d’activité. Et pour tirer la sonnette d’alarme, le gouvernement camerounais par la voix du Ministère de la promotion de la femme et de la famille a lancé une campagne de sensibilisation par sms pour lutter contre la violence en famille et le travail des enfants durant cette période.

Message de sensibilisation du MINPROFF par Sms

ll est difficile de comprendre qu’un parent, avec tous les risques qu’encourt un enfant seul de nos jours, laisse sa progéniture vagabonder à la merci de n'importe qui. Les enlèvements d’enfants sont légion au pays, les sacrifices, les meurtres, la vente des organes humains, les viols de ces derniers nourrissent la rubrique des faits divers de nombreuses parutions quotidiennes. Il y a quelques temps, un billet paru sur leblogdesalma, décrivait l’indignation de la bloggeuse face à des petites filles qui faisaient la manche au lieu-dit « rue de la joie » à Douala, à des heures tardives.

Avec la Covid_19, cette situation n’a pas changé. Bien au contraire, le départ en congé précipité des enfants pour cause de pandémie, a été l’occasion pour certains parents de vite les occuper en leur donnant quelques marchandises à vendre. Ils vendent les fruits, les caramels, les chips, l’eau, les fruits noirs et les safous. Ils sont âgés entre 5 et 10 ans et savent à peine compter l’argent et vous rembourser correctement. Ils vendent souvent jusqu'à très tard dans la nuit, à la merci des intempéries, des accidents sur la route et des violences diverses.

Au marché du Mfoundi, Maman Salomé, une vendeuse d'écrevisses explique avec assurance pourquoi elle n’a pas peur d’envoyer son enfant vendre « Il connait le marché. Je viens ici avec lui depuis qu’il a deux mois. Je préfère qu’il soit ici avec moi au lieu de se promener au quartier et déranger les voisins. Je le laissais au début, mais dès mon retour à la maison le soir les gens se plaignaient qu’il a cassé ci ou qu’il a fait ça. J’étais fatiguée des plaintes et j’ai préféré l’emmener avec moi. » Et en ce qui concerne la Covid_19 elle poursuit « J’ai vu dans WhatApp qu’ils n’ont pas la maladie non? ».

Les « Fake news » pullulent sur les réseaux sociaux et réussissent à convaincre les populations que tout ce qui s'y dit est vrai. Les fake news au Cameroun ont imposé à la population de croire à l’immunité des enfants face au corona virus. Pourtant un tour dans une clinique de la place permet de constater par la voix d’un pédiatre que « le plus jeune patient du corona virus est âgé de 2mois ». S’il est vrai que les enfants font moins la maladie que les adultes pour une raison encore inexpliquée de nos jours, il est aussi vrai qu’ils peuvent la transmettre à d’autres personnes.

Le Bureau International du Travail a envisagé que 2021 sera l’année décisive dans la lutte contre le travail des enfants. Il est donc important que soit mis sur pied des mécanismes pour offrir aux parents, une autre façon de les occuper tout en ayant le coeur en paix. Tout comme la célébration de la journée de l’enfant africain de cette année 2020 table sur un accès à un système de justice adapté aux enfants en Afrique, il serait judicieux que l’Organisation Internationale du Travail propose des centres de loisirs et didactiques gratuits pour enfants, accélère ses campagnes de sensibilisation dans les secteurs qui emploient les enfants et propose des lois, des sanctions et des amendes lourdes pour les auteurs.

Selon l’OIT et l’UNICEF, le COVID-19 pourrait conduire des millions d’enfants supplémentaires à travailler et faire disparaitre le fruit de 20 années de combat contre ce fléau. En temps de crise, nous devons agir pour que des millions d’enfants supplémentaires ne soient pas contraints de travailler en raison de la crise de la COVID-19.  Si la COVID-19 se poursuit, elle pourrait entraîner une hausse de la pauvreté ainsi qu’une augmentation du travail des enfants au fur et à mesure que les familles se retrouveront obligées d’avoir recours à tous les moyens pour survivre. Ce que confirme Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF quand elle affirme que « Lorsque la pauvreté augmente, que les écoles ferment et que la disponibilité des services sociaux est en recul, un plus grand nombre d’enfants se retrouvent poussés vers le monde du travail. Au moment où nous réinventons ce que sera le monde d’après-COVID, nous devons nous assurer que les enfants et leurs familles disposent des moyens nécessaires pour surmonter des épreuves similaires dans l’avenir. On peut changer la donne grâce à une éducation de qualité, des services de protection sociale et des meilleures opportunités économiques.»

Symbole de la justice

L’équation à résoudre pour lutter contre le travail des enfants et promouvoir leurs droits reste la pauvreté. Un parent pauvre pour survenir aux besoins de sa famille n’aura pas d’autres choix que de s’engager dans des travaux forcés et même ceux qui impliquent le travail des enfants. Un enfant pauvre devra abandonner ou ne jamais se rendre à l’école. Un enfant pauvre s’il n’est pas occupé à autre chose, à vendre près de son parent par exemple, peut voler, commettre un forfait. Une fois arrêté et remis entre les mains des forces de l’ordre, il devra faire face à la justice.

Sur ce plan, très peu de pays africains ont une législation spéciale et adaptée pour les enfants, ils sont très souvent jugés comme les adultes. 

Dans toute situation face à la justice les enfants devraient bénéficier d’une assistance juridique gratuite et qui garantisse que leurs droits soient pris en compte. Le thème choisi cette année à l’occasion de la journée de l’enfant africain qui se célèbre le 16 juin prochain est « Accès à un système de justice adapté aux enfants en Afrique ».

Si la Covid_19 persiste, le Cameroun devra faire face à un retard et un abandon des salles de classes par les enfants. Le pays devra faire face également à de nombreux enfants qui plongeront dans la délinquance. Une fois placés en détention dans les prisons pour adultes, ces derniers seront victimes de divers abus. Une descente à la prison de  Bamenda a permis de constater ce à quoi doivent se livrer les enfants incarcérés quand ils sont dans le besoin et face aux adultes. C’est dans cette optique que le 16 juin prochain, il sera question de plaider pour que:

-Dans toute situation face à la justice les enfants bénéficient d’une assistance juridique gratuite-et qui garantisse que leurs droits soient pris en compte;

 -Le système juridique soit adapté afin qu’un enfant ait une considération particulière. Cela signifie que la loi devrait d’abord le traiter comme une victime, en particulier pour les enfants vulnérables;

-Les lois établies considèrent comme dernière option, la détention d’un enfant. Et si tel est le cas, cette détention doit être de courte durée;

-Tout enfant qui recherche la justice soit traité avec sensibilité. Cela implique prendre en compte leur vulnérabilité et s’assurer qu’ils ne soient pas victimes de discrimination. Il est question d’adopter un système de justice adapté aux enfants;

-Les gouvernements mettent en place des alternatives à la détention d’un enfant. Ceci implique de considérer comme première option la réadaption et l’insertion pour les enfants;

-En cas de conflit avec la loi, les mécanismes doivent permettre aux experts en matière d'enfance d’être présents dans une affaire judiciaire impliquant un enfant.

Et ce n’est qu’ainsi que le Cameroun pourra atteindre la cible 8.7 des ODD et mettre fin au travail des enfants sous toutes ses formes, d’ici à 2025 et faire un pas de plus dans le respect de leurs droits.