La Première fois que j’ai voulu sauter le pas
Quand je pense encore à cette époque je suis toujours émue. Je venais d’obtenir mon Baccalauréat après maints échecs du BEPC (3fois), du Probatoire (2fois) et du Bac (2fois). Je ne sais même pas ce qui me dérangeait mais ce qui est sûr je m’ennuyais pendant les cours et du coup je ne captais rien ou peu de ce qu'on m'enseignait.
J’avais des problèmes de concentration et je faisais la série A celle des langues donc rien que pour le cours de philosophie qui durait 4heures je pouvais sortir 10fois. A un moment du cours je ne suivais plus rien et je me retrouvais entrain de rêver.
Pour ceux qui ne le savent pas j’ai rejoint le projet 100%jeunes alors que je n’avais que 15ans. Durant mon parcours au sein de cette équipe nous avions tous reçu une formation en pair éducation peu importe si vous rejoigniez l'équipe en tant que reporter ou animateur. Ce projet reposait en majorité sur la santé et reproduction des adolescents, la lutte contre le VIH et le marketing social. Avec ma formation en pair éducation vous imaginez bien que j’avais l’air d’une experte face à mes camarades de classe parce que non seulement je pouvais enfiler correctement les préservatifs les yeux fermés mais aussi parce que je prodiguais de bons conseils sur la contraception et les histoires d’amour aux autres. Mes amis et la plupart des élèves du lycée savaient dans leur for intérieur que j’étais défleurie depuis. Il n'en était rien je faisais juste mon job.
Je fini mon année scolaire avec à la clé l'obtention de mon Baccalauréat. Je me sens pousser des ailes, libre de sauter le pas et je pensais que tout m’était permis même de perdre ma virginité. Quand vous réussissez à un examen je pense que la minute d’après vous n’êtes plus sur terre et dans votre tête vos parents n’ont plus aucune barrière à dresser dans votre vie, vous avez le Bac, vous êtes grande, vous pouvez aller à la fête et rentrer au petit matin sans donner un tas d'explications et pour preuve vous pourrez envoyer votre tenue scolaire aux oubliettes, c’est ça la liberté, la vraie !
Brandon me tournait autour depuis les deux premiers trimestres. Il faisait la terminale et je n'ai décidé de l'écouter qu'au troisième trimestre. Notre relation était platonique faite de salutations, d'invitations pendant les pauses, de cadeaux et d'escorte à la sortie des classes jusqu'à quelques mètres de chez moi. Tout allait bien jusqu'au jour où je lui ai accordé un bisou, les jours suivants je pouvais suivre sa respiration haletante quelquefois quand il m'embrassait et il m'a fait part de sa volonté de sauter le pas et pour le calmer je lui avais demandé d’attendre que j’obtienne mon examen. Il avait accepté à contre cœur. Pour combler le fait que nous ne pouvions pas avoir d’échanges corporels profonds nous nous rabattions sur les caresses et les baisers éternels.
Une fois que ce dernier a été mis au courant de ma réussite, il a cherché à me voir pour me féliciter mais aussi pour me rappeler ma promesse. J’ai trouvé ce rappel bizarre pendant un tel moment mais bon je devais tenir ma parole. Je lui ai donné rendez-vous deux semaines après, le temps pour moi d’inventer un faux évènement, d’imprimer un faux billet d'invitation et de convaincre ma meilleure amie de me couvrir pour cette sortie. J’ai passé ces deux semaines à poser des questions à mes amies sur le sujet, sur leur première fois, sur les choses à faire et à ne pas faire, ce genre de chose, bref j’ai même perdu le sommeil.
La date fatidique arrive, nous sommes samedi et l’anniversaire pour lequel nous sommes sorties de la maison nous a mené au cinéma ABBIA. Je ne suis pas en mesure de vous raconter le film que l'on regardait car tout ce qui trottait dans ma tête était la grande joie de Brandon, le fait qu’il posait régulièrement son bras sur mes épaules, sa respiration forte et le paquet de préservatifs que j’ai vu furtivement dans la poche intérieure de son blouson. Mon cœur s’est mis à battre fort, j’ai transpiré, les pop-corn que j’avais dans la main n’avaient plus de goût et je pense avoir vu la minute d’après les cornes sur la tête de Brandon, je suis allée aux toilettes. Il m’a suivi et nous nous sommes rendu au manège non loin de la salle de cinéma et malgré son insistance je n’ai pas bu une seule goutte d’alcool, j'avais trop peur de la suite.
Intérieurement je me demandais où on irait ensuite mais lui avait déjà tout prévu. Brandon avait pris les clés de la chambre d’un de ses amis qui vivait seul au Cradat. Sur le chemin pour s’y rendre il achetait toute sorte de friandise : les biscuits, la bergère, le chocolat et tout au fond de moi je me sentais comme une poule qu’on nourrit toute l’année pour enfin la manger à la fête de noël. Une fois sur le ring, il allume la télévision, met de la musique, du zouk surtout et je détestais tout ce qui était zouk, slow, bref tous le rythmes qui font que deux personnes se rapprochent par ce non seulement les garçons avaient des odeurs fortes et n’étaient pas trop top côté hygiène mais aussi quand vous dansiez sur ces rythmes les garçons baladaient leurs mains n’importe comment et sur n’importe quelle partie de votre corps sans autorisation. Brandon va faire pipi, il me demande de me mettre à l’aise et moi perdue dans mes pensées, je me demandais ce que je faisais là, pourquoi j’avais fait une telle promesse et s’il m’engrossait est ce que je serais prête à finir ma vie avec un « yor » ?
Il s’asseoit, me tient par la tête et m’embrasse langoureusement, très avenant et moi tétanisée, ll retire le paquet de préservatifs et le jette sur le lit en retirant son blouson. Ses doigts sont déjà sur mon justaucorps, il veut envoyer sa main plus bas et moi j’ai envie d’aller aux toilettes. J’y ai passé 10 minutes à me demander comment sortir de cette chambre. J’ouvre la porte des toilettes et lui n’a plus aucun vêtement sur son corps, je lui demande ce qu’il fait, il rit et me demande de m’asseoir près de lui sur le lit en me rassurant "qu'il n'allait pas me manger". Il me fait des bisous dans le cou et recommence à balader ses mains partout sur mon corps et me demande de faire de même, qui ? même pas en rêve. En retirant mon pantalon j’ai perdu un bouton, j'ai froid et plus il m’enlevait un vêtement plus j’avais de la température aussi. Allongée et lui au-dessus de moi, tel un lion qui a attrapé sa proie, il me contemplait farouchement en serpentant le long de corps genre Naguin le film hindou vous imaginez? Il s’est arrêté un instant le temps pour lui d’enfiler son préservatif et sa première erreur a été de l’ouvrir avec les dents, je lui avais donné un deuxième avant de me rendre compte qu’en faite la date de péremption était dépassée et je le lui ai signalé en bonne paair éducatrice. Il s’était précipitamment rué vers les tiroirs de la chambre à la recherche désespérée d’un préservatif « conforme », les garços en ont toujours dans leur chambre on ne sait jamais. 1, 2 tiroirs c’est dans le quatrième tiroir qu’il a eu ce qu’il voulait. Je déchire le préservatif avec soin (une perte de temps qui m’arrange) et veut le lui enfiler et « toc toc » on cognait à la porte. Il n’a répondu que la troisième fois et c’était la maman de son ami qui était- là avec des provisions pour ce dernier. Nous nous sommes rhabillés à la vitesse de l'éclair et moi de dresser le lit et de redevenir calme et sage .
La maman est entrée en inspectant la chambre dans l’espoir de voir son fils mais nous lui avions expliqué que nous l’attendions également. Je n’ai pas trainé et j’ai demandé à Brandon de me raccompagner. Pendant le trajet il était nerveux et me disait qu’on allait trouver un autre endroit et un autre jour pour recommencer. Il ne savait pas que moi de mon côté je faisais de signes de croix dans mon cœur jusqu’à mon arrivée à la maison. Il n'y a pas eu de deuxième rendez-vous entre nous. Brandon est devenu papa le mois suivant par je ne sais quelle magie puisqu'il "attendait que je sois prête".
Et si nous l’avions fait ?