Lors de mon dernier séjour à Douala la capitale économique de mon pays le Cameroun, j’ai découvert un coin et mon attention a été portée sur deux petites filles qui s’y trouvaient.
Ce soir-là, je venais à peine de finir la session de formation en blogging organisée à l’Institut Français de Douala. J’ai juste eu le temps de déposer mes valises au « Foyer des marins ». Un bon refuge je dirais discret et en plein centre d’Akwa. Donc je disais que j’avais juste eu le temps de déposer mes valises. Et il fallait que je ressorte. Mon ventre réclamait entre les explications aux jeunes passionnées du blogging et les discussions avec les blogueurs, je n’avais vraiment pas vu la journée passée. Didier Ndengue, créateur du concept « Je suis camerounais et je blogue » pour l’occasion, était mon guide touristique culinaire. Après un bref passage dans un restaurant pour gouter au Dakéré et quelques biscuits, il me proposait de nous rendre à Douala Bar. Dans ce genre de situation, je suis curieuse et très souvent je me laisse guider comme un bœuf qui se dirige vers l’abattoir. Il nous a fallu à peine 10minutes dans le taxi pour rejoindre le célèbre coin. A peine descendus, une jeune dame nous accoste, elle avait une robe moulante avec des imprimés façon marin et un Make Up extravagant. Didier et moi nous laissons guider. Nous empruntons une allée où il y a des bars alignés des deux côtés et au fond, des vendeurs de poissons. Sans nous laisser nous asseoir, elle nous propose à manger et nous nous dirigeons vers un comptoir où elle nous présente différentes variétés de poissons. Bars, Maquereau, Carpes, Rosada, tout y est. Nos choix se portent sur deux carpes avec des frites de plantain. Apparemment cela prendra un peu de temps pour que nous les dégustions.
La jeune dame nous montre des places sur la terrasse d’un bar. Nous passons nos commandes et le bruit des musiques qui se dégage de chaque bar crée un tintamarre que la causerie que j’entame avec Didier me fait oublier. Près de 30minutes et toujours pas de poisson. Il a fallu que je me lève pour voir si le braiseur n’avait finalement pas décidé d’aller dans le wouri pour pécher la carpe fraiche que je voulais. Une fois devant son comptoir, je remarque deux fillettes, l’une à peine 8ans et l’autre 4 ou 5ans. Elles causent pendant 5minutes avant de se séparer. Elles vont sur les tables des clients et tendent la main pour demander quelque chose que je n’entends pas bien. Je retourne m’asseoir pour attendre mon poisson braisé en me consolant avec deux gorgées de Smirnoff Ginger. L’aîné des filles se dirige vers une table où sont assis quatre hommes et une dame. J’entends l’un des messieurs lui dire « Tu veux quoi ? L’argent ? Tu crois que c’est facile ? » Et un deuxième de renchérir : « Si je te donne l’argent on part chez moi », la fillette secoue la tête pour dire Non. Ils éclatent de rire et à la dame de trancher : « Rentre à la maison tu fais quoi dehors à cette heure ? ».
La fillette change de table et de l’autre côté, sa frangine exécute le même scénario, mais cette fois- là, en interpellant les passants. Certains s’arrêtent, d’autres les bousculent et continuent leur chemin. J’ai à peine fini mon repas qu’on me tire les cheveux vers l’arrière deux fois. Je me retourne avec une grande colère pour savoir qui en est l’auteur quand je m’aperçois que c’est la cadette qui se tenait derrière moi. Je la regarde et elle me tend la main en me demandant de l’argent. Je lui dis Non d’un signe de la tête et elle me supplie des deux mains. Je cambre sur ma position et lui demande d’appeler sa sœur et de rentrer. Elle change de table. A la prochaine table, un monsieur lui dit : « si je te donne l’argent tu seras ma femme ? » Elle sourit mais ne répond pas. Le monsieur fouille sa poche, sors une pièce, la lui tend en faisant un clin d’œil. Elle recule deux pas en arrière. Sa grande sœur vient la chercher et se perdent dans la foule. Je n’ai plus aperçu leurs silhouettes dans le coin jusqu’à mon retour.
J’ai voulu relater cette scène parce qu’elle me choque. Non seulement à cause de l’irresponsabilité des parents, mais aussi celle des personnes étrangères qui sont censées parfois agir en tant que parent. Avec les avis de recherche d’enfant qui apparaissent chaque jour, les enfants violés, les enfants dont on enlève parfois les organes, comment peut-on encore de nos jours laisser deux enfants ainsi seuls. Non seulement de nombreux pédophiles rodent dans les rues, mais aussi avec l’alcool, elles peuvent très vite devenir des consommatrices et des proies.
Si elles sortent de chez elles pour demander de l’argent, est ce que leurs parents ne remarquent pas leur absence ? A cet âge ont-elles besoin d’argent ? Les fêtes de fin d’année approchent et j’espère que les parents seront protecteurs avec leurs enfants dans les lieux publics. En cas de sortie dans un lieu public, je recommande aux parents de suivre ces instructions de ma collègue Carole Leuwé sur ces quelques règles de sécurité.